Translate

dimanche 9 février 2014

L'art corporel

Rudolf SCHWARZKOGLER


"Certains d'entre nous deviendront probablement célèbres. Ce sera une gloire ironique, créée pour une grande part par ceux qui n'ont jamais vu notre travail." Cette citation d'Allan Kaprow (1961) s'adresse principalement aux artistes de l'actionnisme viennois, mouvement radical dont fait partie le performeur Rudolf Schwarzkogle. 

L'artiste est né à Vienne le 13 novembre 1940. Il a travaillé principalement sur des séries de photographies, qu'il nomme ses Aktions, dans lesquelles sont suggérées des mutilations corporelles sur des individus. Mais le registre choisi pour ces opérations n'est ni grotesque, ni blasphématoire, et encore moins agressif, comparé aux propositions d'Otto Muehl, Hermann Nitsch et Gunter Brus. Schwarzkogler travaille sur l'idée d'un huis-clos. Les maltraitances n'apparaissent que sous forme de souvenirs immédiats : bandages, liens... ou d'interventions médicalisées tout aussi calculées et distantes. Certains associent son œuvre à un traumatisme issu du contexte politique dans lequel il est né (L'Autriche National socialiste de la seconde guerre mondiale). 


"4. Aktion" (1965)


La postérité de Schwarzkogler, ou sa "gloire ironique", repose en partie sur un mythe selon lequel il se serait tranché le pénis. La rumeur est née autour de six photographies (présentées lors de la Documenta V de Kassel en 1972) représentant un homme aux parties génitales cachées par un poisson éventré, mais il s'agit en réalité de son modèle et ami Heinz Cibulka. Schwarzkogler s'est suicidé le 20 juin 1969.


Aktion, photographie argentique (série de 68 prises), noir et blanc, 1965.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire